samedi 26 octobre 2024

Millésimes 2022 et 2023



Pinot noir 2022 et Chardonnay 2023 sont disponibles. 

Nous serons enchantés de vous accueillir au Domaine ces prochains samedis matins ou sur rendez-vous - tel  0699442694. 

A bientôt.

Oenopoésie #5

 


L’AUTOMNE


L’Automne s’exaspère ainsi qu’une Bacchante
Ivre du sang des fruits et du sang des baisers
Et dont on voit frémir les seins inapaisés…
L’Automne s’assombrit ainsi qu’une Bacchante
Au sortir des festins éclatants et qui chante
La moite lassitude et l’oubli des baisers.


Les yeux à demi clos, l’Automne se réveille
Et voit l’éclat perdu des clartés et des fleurs
Dont le soir appauvrit les anciennes couleurs…
Les yeux à demi clos, l’Automne se réveille :
Ses membres sont meurtris et son âme est pareille
À la coupe sans joie où s’effeuillent les fleurs.

Ayant bu l’amertume et la haine de vivre
Dans le flot triomphal des vignes de l’été,
Elle a connu le goût de la satiété.
L’amertume latente et la haine de vivre
Corrompent le festin dont le monde s’enivre,
Étendu sur le lit nuptial de l’été.

L’Automne, ouvrant ses mains d’appel et de faiblesse,
Se meurt du souvenir accablant de l’amour
Et n’ose en espérer l’impossible retour.
Sa chair de volupté, de langueur, de faiblesse,
Implore le venin de la bouche qui blesse
Et qui sait recueillir les sanglots de l’amour.


Le cœur à moitié mort, L’Automne se réveille
Et contemple l’amour à travers le passé…
Le feu vacille au fond de son regard lassé.
Dans son verger flétri l’Automne se réveille.
La vigne se dessèche et périt sur la treille,
Dans le lointain pâlit la rive du passé…


Renée Vivien (1877-1909), Poèmes

lundi 23 avril 2018

Oenopoésie #4

La chanson du vin

Parmi les gazons
Tout en floraisons Dessous les treilles,
J'écoute sans fin
La chanson du Vin
Dans les bouteilles.

L'Ode à l'Idéal
Au fond du cristal
Coule embaumée.
La strophe bruit,
Et, limpide, suit
Sa sœur charmée.

Les nectars vermeils
Chantent les soleils
De la jeunesse,
Et tous les retours
Qui font nos amours
Pleins de tristesse ;

Et le dieu cornu,
Le beau guerrier nu,
Dans les mêlées,
Qui guide en rêvant
Des femmes au vent
Échevelées ;

Le dieu des pressoirs
Qui, sous les pins noirs
Du mont Ménale,
Fait, pendant la nuit,
Courir à grand bruit
La bacchanale !

Et le tambourin
Des vierges sans frein
Dans leurs querelles,
Qui, loin des regards,
Dans les bois épars
S'aiment entre elles ;

Et le chœur dansant
Qui, rouge, et versant
Dans son délire
Le sang et le vin,
Brise le devin
Avec sa lyre !

Le Nectar nous dit :
Ô vous qu'engourdit
La Poésie,
Plus de vains sanglots !
Buvez à mes flots
La fantaisie.

Ne réservez plus
Vos vœux superflus
Et vos tendresses
Pour les impudeurs
Et pour les froideurs
De vos maîtresses.

Nos claires prisons
Montrent aux raisons
Évanouies
L'âme des couleurs,
Du rhythme et des fleurs
Épanouies !

Nos secrets plaisirs,
Nés dans les loisirs,
Ont à s'accroître,
Pour les sens domptés
Plus de voluptés
Que ceux du cloître.

Mais fuis, jeune élu,
Le bois chevelu,
Le flot rapide
Et l'antre secret
Où te rencontrait
L'Aganippide !

Le thyrse est levé.
Dans le lieu trouvé
Pour les mystères,
Hurlent de fureur
Les vierges en chœur
Et les panthères.

Privé de tombeaux,
L'impie en lambeaux
Meurt comme Orphée.
Dans l'onde à la fois
Sa lyre et sa voix
Pleure étouffée,

Tandis qu'au lointain
Bondit, le matin,
Toute rougie,
En vociférant
Sur l'indifférent,
La sainte Orgie !

Théodore de Banville (1823-1891)
Les Stalactites (1846)

mercredi 4 octobre 2017

Oenopoésie #3 Le Pressoir

Ajustement du pressoir pour le Pinot

Le Pressoir

 

À Auguste Vitu

Sans doute elles vivaient, ces grappes mutilées
Qu’une aveugle machine a sans pitié foulées !
Ne souffraient-elles pas lorsque le dur pressoir
A déchiré leur chair du matin jusqu’au soir,
Et lorsque de leur sein, meurtri de flétrissures,
Leur pauvre âme a coulé par ces mille blessures ?
Les ceps luxuriants et le raisin vermeil
Des coteaux, ces beaux fruits que baisait le soleil,
Sur le sol à présent gisent, cadavre infâme
D’où se sont retirés le sourire et la flamme !
Sainte vigne, qu’importe ! à la clarté des cieux
Nous nous enivrerons de ton sang précieux !
Que le cœur du poète et la grappe qu’on souille
Ne soient plus qu’une triste et honteuse dépouille,
Qu’importe, si pour tous, au bruit d’un chant divin,
Ruisselle éblouissant le flot sacré du vin !


Théodore de Banville, Les Cariatides (1842)

jeudi 21 septembre 2017

#Oenopoésie 2 Vendanges



Vendanges

Les choses qui chantent dans la tête
Alors que la mémoire est absente,
Ecoutez, c’est notre sang qui chante…
O musique lointaine et discrète !


Ecoutez ! c’est notre sang qui pleure
Alors que notre âme s’est enfuie,
D’une voix jusqu’alors inouïe
Et qui va se taire tout à l’heure.


Frère du sang de la vigne rose,
Frère du vin de la veine noire,
O vin, ô sang, c’est l’apothéose !


Chantez, pleurez ! Chassez la mémoire
Et chassez l’âme, et jusqu’aux ténèbres
Magnétisez nos pauvres vertèbres.


Paul Verlaine, Jadis et naguère

lundi 24 juillet 2017

"Trois chevaux"








Nous apprenons les alphabets et nous ne savons pas lire les arbres. Les chênes sont des romans, les pins des grammaires, les vignes sont des psaumes, les plantes grimpantes des proverbes, les sapins sont des plaidoiries, les cyprès des accusations, le romarin est une chanson, le laurier une prophétie. Erri De Luca

Pour le plaisir des futaies et des ivres.

Millerandage


Millerands sur grappe de Chardonnay


 Du latin millium « millet » et granum « grain », le millerandage provient d’une fécondation imparfaite de la fleur ; la pluie et le froid au moment de la floraison en sont principalement les causes. Parfois nommé « maladie de la vigne », mais moins grave que la coulure (fleurs également mal ou non fécondées qui tombent ou coulent), le millerandage conduit à la production de petits grains de raisin  souvent apyrènes (sans pépin) disséminés au milieu des grains normaux. A maturité, ces baies sont plus sucrées et moins acides, leur ratio volume de jus - pellicule est meilleur, et si les millerands entravent le rendement, ils apportent – dans une juste mesure - un élément gustatif intéressant dans l’élaboration d’un vin plus concentré.

mardi 4 juillet 2017

Dolycoris baccarum

Sur une lyre au Seuret, photographie Laurent Patou
Quand les "petites bêtes" croisées dans les vignes -  - permettent d'enrichir nos connaissances et de rencontrer des passionnés.
Merci à André Lequet pour sa réponse : Il s'agit de la "Punaise des fruits" (Dolycoris baccarum), espèce présentant plusieurs colorations.


http://www.youtube.com/user/entomo44/videos

"La nature exposée"





Le curé continue à m'écouter tout en prenant une bouteille de vin et deux verres. Il remplit le mien à ras bord. C'est l'usage chez les ouvriers. Si on offre du vin, on remplit le verre. Ce sont les riches qui en versent peu. Eux, ils ne boivent pas, ils sirotent. Si on en offre à un ouvrier, on en verse jusqu'à ce que le verre déborde. Erri De Luca



Lu dans ce roman profond, entre plaidoyer personnel et compassion universelle, ce paragraphe aux accents plus légers que le présent du narrateur.

lundi 26 juin 2017

Oup, oup, oup




Ou comment vous donner des nouvelles des oiseaux des vignes...
Huppe fasciée - photographie Fabrice Croset - LPO Ch-Ard.
La huppe fasciée -  son chant en guise de sujet -, a émerveillé Laurent le Glorieux ce dernier week-end.

 

Quant au couple de fauvettes grisettes, les oisillons ont fait exploser leurs œufs.